Rembobinons le fil de ta carrière. Tu commences la boxe à 16 ans, avant de quelques années plus tard faire des combats ton métier. À quel moment on décide de devenir combattant ? Qu’est ce qui pousse un homme à mettre sa vie entre parenthèses pour s’entraîner et monter sur le ring ?
Je deviens vraiment combattant trois ou quatre ans plus tard. Je me rends compte que j‘ai des facultés, des aptitudes innées que les mecs de mon âge et même les anciens n’avaient pas. Il y avait des choses qui était plus facile pour moi que pour les autres. J’ai découvert que j’avais un talent, c’est ce qui m’a poussé à continuer, avec l’envie de battre des mecs de plus en plus forts. Je prends pas de coups, pas de KO. Je n’ai pas de blessures, à cet instant, la santé n’est même pas un sujet. L’aspect pécunier ne m’intéressait même pas au début, c’était juste : gagner, gagner, être le meilleur. La passion.
Tu as fait du trash-talking ta marque de fabrique, une manière de faire monter l’engouement avant d’affronter un adversaire. Il est plutôt atypique, très théâtral, avec beaucoup de storytelling. Est ce que tu peux nous parler de cette facette qui fait intégralement partie de ton personnage ?
C’est vraiment mon côté comédien. Je voulais et je veux toujours être comédien, humoriste, acteur… c’est ma passion avant même le sport, avant même la graille (rire). Je ne pourrais pas combattre sans jouer la comédie, sans ce côté théâtral. Je ne pourrais pas être aussi lisse que certains combattants, ça ne me correspond pas. C’est vraiment moi, même si demain on me mettait un adversaire à qui ça ne ferait rien, je continuerais de faire mon cinéma, c’est de cette manière que j’aime me produire.
Cet aspect entre en résonance avec l’image que tu renvoies sur les réseaux sociaux, où tu partages énormément et as réussi à souder une vraie communauté, notamment grâce à l’humour. En parallèle de tes activités sportives, tu fais aussi du stand-up. Qu’est ce que ça représente pour toi ?
Pour moi c’est une sorte d’exutoire, un passe-temps que j’aime sans modération. Je pourrais passer ma journée à faire rire. C’est une thérapie totalement bénéfique. C’est ma passion initiale, quand j’allume ma caméra et que je pars en impro’, c’est mon kiff. J’oublie le combattant, c’est vraiment ce que j’aime.
Ta chaîne YouTube, où tu approches les 300 000 abonnés, est donc un peu le prolongement de ce que tu peux faire sur scène ?
Le fait de faire ces vidéos, pour moi, c’est un régal. Parce que grâce à ma notoriété dans le sport j’arrive à prendre du plaisir dans ce que j’aime initialement, et je me sers du fait que je sois un bon combattant pour avoir un public qui me regarde faire l’idiot. Quand je suis sur une vidéo YouTube, et que je reçois le premier jet, je vois toujours les effets, les références qu’on peut ajouter. Les vidéos, c’est comme si c’était un sketch que j’améliorais avec le montage
Tu es désormais en 5-0, confortablement installé au PFL. La transition vers le MMA se passe bien, sans accroc. Quelles sont les objectifs à long terme ?
Inscrire mon nom dans le panthéon du sport français, comme Zidane. Et puis mondialement, j’espère être celui, qui, de part sa hype, réussit à hisser une organisation no-name sur le toit du monde. Faire ce que Conor McGregor a réussi à faire avec l’UFC.
Tu es engagé sur plusieurs fronts, on t’a vu prendre la parole et mener des combats hors du ring, notamment contre les violences faites aux femmes. Qu'est ce que tu aimerais laisser comme empreinte et comme discours à la fin de cette carrière à une génération qui suit de plus en plus le MMA ?
Je prends beaucoup McGregor en référence, mais pas vraiment comme modèle, plutôt comme marqueur. J’aspire à faire plus, toucher plus de gens, et faire mieux. Aujourd’hui, je suis suivi par les enfants, les jeunes, par les sportifs et les non-sportifs. J’ai une responsabilité. Vous ne verrez aucun gros mots dans mes apparitions, jamais de choses irrespectueuses contre des communautés, des religions, et puis surtout, j’essaye d’avoir un comportement exemplaire, selon l’éducation que j’ai suivie. Quand les gens vont penser Doumbé, je veux qu'ils pensent KO premier round et interview France Inter, où je m’exprime bien et mène des vrais combats. J’ai des défauts, on essaye de les cacher et de s’améliorer, mais cette responsabilité, elle m’incombe et je souhaite être capable de changer le monde à mon échelle.
Est ce que cette responsabilité est difficile à porter ?
Je suis un bon combattant, mais l’orateur est encore en phase d’expérimentation. Je l'apprends à mes dépens, je suis obligé de réfléchir trois-quatre fois avant de dire ou faire quelques chose. C’est un peu le mauvais côté de la notoriété, mais je le prends, c’est une responsabilité. Comme dirait l’oncle de Spider-Man : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. »