Ces travailleurs, fournisseurs de grandes entreprises occidentales telles que Gap, H&M ou Levi Strauss, exportent une grande partie de leur production vers l'Europe et les États-Unis. En 2019, plus de 75 % des exportations de vêtements du Bangladesh étaient destinées à ces régions. Le secteur de l'habillement représente 85 % des 55 milliards de ventes à l'étranger du pays asiatique. Le Bangladesh est devenu un acteur clé de l'industrie mondiale de la mode.
Plusieurs marques de renom, dont Adidas, Hugo Boss et Puma, ont récemment écrit à la première ministre, Sheikh Hasina, pour lui demander d'augmenter les salaires conformément à la législation qui prévoit une hausse tous les cinq ans. Cependant, la proposition de la puissante association des fabricants et exportateurs de vêtements (BGMEA), qui représente les propriétaires d'usines, d'augmenter les rémunérations de seulement 25 %, a déclenché la colère des travailleurs.
Derrière cette quête d'une rémunération plus équitable se joue une compétition acharnée avec la Chine, où le salaire minimum s'élève à 200 euros. Cette pression salariale pousse les travailleurs du Bangladesh à lutter pour leurs droits, car les conditions de travail dans l'industrie textile du pays sont notoirement difficiles. Les semaines de travail atteignent souvent 65 à 72 heures, et les ouvriers sont confrontés à des risques chimiques sans protection adéquate. Les usines textiles ont régulièrement été critiquées pour leur dangerosité, comme en témoigne l'effondrement du Rana Plaza en 2013, une catastrophe qui a coûté la vie à 1 100 personnes.