RÉVOLUTION SILENCIEUSE AU BANGLADESH : LES TRAVAILLEURS DU TEXTILE DEMANDENT JUSTICE

Par redaction

04/11/2023

Le Bangladesh est aujourd'hui le deuxième exportateur mondial de vêtements, juste derrière la Chine. Un pays où l'industrie textile est le moteur de l'économie, mais derrière les chiffres impressionnants se cachent des réalités difficiles pour les travailleurs du secteur. Depuis la semaine dernière, des milliers d'ouvriers se sont rassemblés pour exiger une augmentation du salaire minimum, passant de 8 300 takas (70 euros) à 23.000 takas (190 euros). Une demande qui a poussé près de 250 usines de confection à fermer leurs portes après de violentes manifestations.

Ces travailleurs, fournisseurs de grandes entreprises occidentales telles que Gap, H&M ou Levi Strauss, exportent une grande partie de leur production vers l'Europe et les États-Unis. En 2019, plus de 75 % des exportations de vêtements du Bangladesh étaient destinées à ces régions. Le secteur de l'habillement représente 85 % des 55 milliards de ventes à l'étranger du pays asiatique. Le Bangladesh est devenu un acteur clé de l'industrie mondiale de la mode.
Plusieurs marques de renom, dont Adidas, Hugo Boss et Puma, ont récemment écrit à la première ministre, Sheikh Hasina, pour lui demander d'augmenter les salaires conformément à la législation qui prévoit une hausse tous les cinq ans. Cependant, la proposition de la puissante association des fabricants et exportateurs de vêtements (BGMEA), qui représente les propriétaires d'usines, d'augmenter les rémunérations de seulement 25 %, a déclenché la colère des travailleurs.
Derrière cette quête d'une rémunération plus équitable se joue une compétition acharnée avec la Chine, où le salaire minimum s'élève à 200 euros. Cette pression salariale pousse les travailleurs du Bangladesh à lutter pour leurs droits, car les conditions de travail dans l'industrie textile du pays sont notoirement difficiles. Les semaines de travail atteignent souvent 65 à 72 heures, et les ouvriers sont confrontés à des risques chimiques sans protection adéquate. Les usines textiles ont régulièrement été critiquées pour leur dangerosité, comme en témoigne l'effondrement du Rana Plaza en 2013, une catastrophe qui a coûté la vie à 1 100 personnes.

Au-delà des risques liés aux incendies et aux effondrements de bâtiments, la main-d'œuvre historiquement surexploitée du Bangladesh mérite des conditions de travail dignes. Les travailleurs demandent non seulement des salaires plus élevés, mais aussi une amélioration de leur sécurité et de leurs conditions de travail. Les syndicats, bien que leur influence soit limitée, dénoncent les risques chimiques auxquels sont exposés de nombreux employés.
Cette vague de manifestations des travailleurs du textile n'est pas sans lien avec le contexte politique du Bangladesh. Le parti d'opposition est accusé d'attiser ces manifestations alors que le pays est secoué par de violents rassemblements antigouvernementaux en prévision des élections à venir. Cette convergence de facteurs politiques et sociaux rend la situation encore plus complexe.
Les travailleurs du textile au Bangladesh se battent non seulement pour des augmentations de salaire, mais aussi pour une reconnaissance de leur valeur et de leurs droits en tant que force motrice de l'industrie mondiale de la mode. Leur lutte pour des conditions de travail plus justes et plus sûres est un cri pour un avenir meilleur, à la fois pour eux-mêmes et pour leur nation en pleine croissance économique.