Révélée dans Le Consentement, Kim Higelin impose sa grâce et son intensité avec un naturel rare. Douceur apparente, force intérieure : la jeune actrice trace son sillage dans le paysage du cinéma français sans excès, juste avec son talent. À l’affiche d’Alterlove de Jonathan Taïeb, elle confirme qu’elle n’a pas peur des rôles forts ni des émotions brutes. Rencontre avec une étoile montante qui a déjà tout d’une grande.

Salut Kim. Pour commencer, qui es-tu et d’où viens-tu ?
Je m’appelle Kim, je suis comédienne et je suis née aux Lilas.
Raconte-nous ton parcours.
J’ai commencé toute petite avec des stages de théâtre un peu partout, notamment à l’école Blanche Salant. Ma mère prenait des cours là-bas à l'époque, et elle avait même payé pour l’année suivante. Quand je lui ai dit que je voulais être comédienne, elle a arrêté pour me laisser sa place. On n’avait pas forcément les moyens pour en faire toutes les deux, donc elle s’est sacrifiée pour moi. Ensuite, en terminale, j’ai arrêté les cours classiques pour passer mon bac option théâtre.
J’ai enchaîné les petits boulots — serveuse, baby-sitter, coach d’anglais — puis un jour, j’ai tout arrêté pour me lancer sérieusement. Je suis rentrée dans une agence, et c’était parti
Demain, Alterlove sort au cinéma. Comment tu te sens à la veille d’une sortie ?
Toujours un peu flippée. Il y a beaucoup d’angoisse, de tension… mais aussi de la joie, forcément.
Comment tu décrirais les deux personnages principaux, sans spoiler ?
C’est l’histoire de Jade et Léo, deux personnes qui se rencontrent et passent la nuit ensemble. Jade, mon personnage, est une fille hyper sûre d’elle, qui s’assume totalement : « Voilà qui je suis, débrouille-toi avec ça. » Elle est pleine de ressources, elle avance dans la vie avec détermination.
Léo, lui, est un grand romantique, un peu oisif. Il a une belle naïveté, il croit profondément à l’amour.
On pense partir sur une comédie romantique classique… mais ça devient autre chose. Quel message vouliez-vous transmettre ?
Le réalisateur, Jonathan Taïeb, nous a donné une partition hyper intense, très écrite. À nous de jouer ça de manière réaliste, avec sincérité. Il y a une phrase forte dans le film : « On se rencontre tout le temps, mais on ne se voit jamais. »
C’est vrai aujourd’hui. On est connectés à tout le monde… sauf à ceux qui sont juste à côté. Parfois, plus tu as conscience des autres, moins tu as conscience de toi.
Tu as été révélée par Le Consentement, un rôle très fort. Qu’est-ce qui t’a poussée à l’accepter ?
J’ai tout donné pour ce rôle. C’était ce que je voulais faire de ma vie : porter une voix, porter une histoire, faire le plus de bien possible à travers mon métier. Quand j’ai appris que j’étais prise, j’ai ressenti une forme de salut. C’était une chance… mais aussi une immense responsabilité.


Comment as-tu réussi à t’imprégner de cette histoire vraie ?
Il y avait énormément d’archives, d’interviews, d’écrits. J’ai aussi rencontré Vanessa Springora. Mais je ne voulais pas l’imiter. J’ai pris ce qu’elle avait partagé et j’ai essayé de l’incarner à ma manière, pleinement, le temps du film.
Tu exposes ton corps à l’écran dans certaines scènes. À 21 ans, comment as-tu vécu cela ?
C’était difficile, oui. Mais pas à cause du tournage en lui-même. Le sujet du film était tellement fort qu’on oublie son propre corps, on pense au message. En revanche, ce qui est dur, c’est ce qui vient après : les critiques, les commentaires violents sur les réseaux.
On reçoit des messages sur notre physique, notre voix, notre manière d’être… C’est ça qui est violent. Et je ne sais pas s’il y a un âge où on est vraiment à l’aise avec son corps. Moi, j’ai encore beaucoup de complexes. Mais j’ai des envies, des objectifs. Il faut apprendre à grandir avec tout ça.
Tu as joué avec Laetitia Casta et Jean-Paul Rouve. Comment c’était ?
Avec Jean-Paul, c’était fluide, simple. On voulait être en confiance, être dans l’écoute. Entre les prises, on rigolait beaucoup.
Avec Laetitia, c’était très émouvant. On a cherché à créer un lien mère-fille fort. On a beaucoup travaillé sur les gestes, le toucher. C’est une immense actrice, c’était beau de la voir jouer.

Tu dégages une forte sensibilité. C’est aussi le cas dans la vie ?
Oui, je suis quelqu’un de très… très tout. Très sensible, très à fleur de peau. Je prends tout, j’absorbe tout, je ressens fort. C’est parfois épuisant, mais ça me nourrit dans mon travail. Et puis maintenant, je ne me demande plus si c’est une qualité ou un défaut. C’est moi, c’est comme ça.
Un mot sur la mode : le style peut-il définir une personne ?
Définir, non. Mais exprimer ce qu’on ressent, oui. Le style, c’est une manière de montrer au monde ce qu’on a à l’intérieur.
Comment décrirais-tu ton style ?
Je n’ai pas un style défini. Quand je vais à un casting, j’aime bien m’habiller comme le personnage. Comme j’ai encore une tête de jeune fille, je peux jouer des rôles de 16 ans, mais aussi plus matures.
Du coup, mon armoire, c’est le bazar total : du baggy, du moulant, du très enfantin… Je voyage entre plein d’univers. Quand on me demande de m’habiller “en moi-même”, je ne sais pas quoi faire !
Ta marque préférée ?
J’ai découvert Miu Miu. J’adore cette marque. Elle me permet d’être élégante, libre et à l’aise. Je me sens bien dans leurs vêtements. J’ai assisté à leur défilé récemment, c’était fou. Toute cette création, cette énergie… C’est un vrai monde à part.

Depuis que tu es médiatisée, ça a changé quelque chose dans tes relations ?
Pas du tout ! Mes proches se moquent encore plus de moi, c’est tout. Ils rient de mes photos dans les médias, de ma voix en interview… C’est bon signe, ça me garde les pieds sur terre. Et ça me fait beaucoup rire.
Un mot de la fin ?
Merci pour cet échange. Je suis contente de pouvoir parler en profondeur, sans filtre. C’est rare.
