Tu as vécu plusieurs vies, la première démarre en Afghanistan, c’est l’histoire d’une petite fille qui doit fuir le pays face au régime des Talibans. Comment as-tu traversé ce voyage en tant qu’enfant ?
Quand j’y repense, je me sens parfois malchanceuse d’être née dans un pays déchiré par la guerre, avec toutes les choses horribles qui s’ensuivent : l’exécution de mon père, fuir, commencer une nouvelle vie... Cela a fait de moi la personne que je suis. Je n’ai pas l’impression d’être une victime – je ne me suis jamais sentie comme telle – mais plutôt d’avoir été choisie pour traverser cette épreuve.
Ta deuxième vie, c’est celle d’une footballeuse professionnelle accomplie. Première étrangère dans l’équipe nationale du Danemark. Tu as joué dans des clubs à travers tout le globe : la France, l’Angleterre, les États-Unis, l’Italie. Tu es plus proche de la fin que du début, quel regard poses-tu sur ta carrière ?
Quand j’avais 10 ou 11 ans, j’étais dans un camp de réfugiés et je ne savais pas vraiment ce qu’était le football. Depuis, j’ai évolué pour les plus grandes équipes du monde et j’ai gagné des championnats. J’ai plus de 100 sélections avec l’équipe nationale danoise et en suis reconnaissante. J’ai vraiment luttéà chaque instant et je savais que je devais me battre trois fois plus que la personne à côté de moi pour y arriver mais je n’ai aucun regret.
J’ai l’impression d’avoir réalisé ce que je voulais faire. Il me reste encore un ou deux saisons, je suis toujours motivée, c’est toujours la même passion, la même joie, mais en même temps, j’ai aussi beaucoup d’ambitions en dehors du football. Je suis heureuse et reconnaissante d’avoir cette vie.